Vincent, Jordan, Alexandre et Enzo versent tour à tour les sacs de céréales, fraîchement écrasées, dans la grande cuve d’eau. Ils surveillent, avec attention, la température, 78 degrés, pas plus.
Dans les locaux du Brasseur varois de Carcès, les quatre travailleurs de l’Établissement et service d’accompagnement par le travail s’activent, s’appliquent… Leur bière est en fabrication. Son nom, La Bourguinguette, un clin d’œil à La Bourguette, association à l’origine du « plus petit Esat de France », souligne fièrement Sébastien Pautre, directeur de la structure située à Cabasse qui accueille de jeunes adultes autistes.
« De la graine à la bulle »
« Pour tout dire, nous avions déjà essayé tout seul mais sans grand succès, avoue le directeur. Nous voulions diversifier nos ateliers. Nous nous sommes donc rapprochés du Brasseur varois ».
Et Claude Martin-Gouin n’a pas hésité une seconde. La bière, ça se partage. « Nous avons travaillé sur la recette, déterminé le taux d’alcool et le style de bière. Faire de la bière, c’est empirique. On expérimente, on goûte. Ce sera donc une bière blonde à façon, c’est-à-dire brassée à partir d’une recette originale, plutôt classique avec 6,5 degrés d’alcool », détaille le brasseur carçois qui a accompagné « ses apprentis » du moment durant tout le processus. « De la graine à la bulle », glisse Sébastien Pautre.
Il faudra environ deux semaines pour la fermentation et deux autres encore pour l’affinage des 1.200 litres de bière, ce qui représente 3.600 bouteilles.
« La Bourguinguette sera prête pour la mise en bouteille mi-janvier », assure le brasseur professionnel. « On a hâte de la goûter », s’impatiente Enzo. Un enthousiasme partagé par ses camarades.
« De bons moments ensemble »
« On a la chance d’avoir des travailleurs engagés et volontaires. Ils sont toujours partants pour découvrir de nouvelles activités, affirme Philippe Drouard, moniteur d’atelier au sein de l’Esat qui a aussi supervisé la création de l’étiquette. On a réfléchi à une vraie identité graphique à décliner sur toute la gamme des produits élaborés au sein de l’établissement. »
« On a déjà fait du jus de raisin et pour une première expérience dans une brasserie c’était bien », poursuit Enzo. « Ça m’a beaucoup plu de découvrir un nouveau métier. », renchérit Jordan. « C’est vrai, ça change », ajoute timidement dans un large sourire Vincent.
« Et on passe de bons moments ensemble », s’exclame Alexandre. Et c’est bien là l’essentiel.
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