On vous raconte Grasse au temps des guerres de religion

Grasse était une cité française depuis qu’en 1482, Louis XI avait annexé la Provence à la France. À l’Est du Var, régnait le duc de Savoie. Son autorité s’étendait sur Nice et son comté. Comme il était à la fois l’oncle de François Ier et le beau-frère de Charles Quint, il ne savait pas trancher entre ces deux souverains. Il restait neutre. Il ne put pourtant éviter le passage de leurs armées sur son territoire et protéger ainsi l’Est de la Provence – et Grasse en particulier.

Grasse envahie par Charles Quint

C’est ainsi que le 10 juillet 1524, les troupes de Charles Quint venant de Gênes passent par Nice, franchissent le Var, envahissent notre région. Les cités de Saint-Laurent, Villeneuve-Loubet, Antibes se soumettent. Grasse fait de même.

Les troupes s’avancent jusqu’à Marseille, qu’elles assiègent en vain. Elles font alors demi-tour, causant de nouveaux ravages sur leur passage dans notre région. Les troupes françaises se lancent à leur poursuite. Cela se terminera lamentablement pour les Français à Pavie le 24 février 1525. « Tout est perdu fors l’honneur! » s’écriera fièrement François Ier.

Grasse incendiée

Mais tout recommence en 1536. François Ier attaque la Savoie. La riposte de Charles Quint ne se fait pas attendre.

Le connétable de Montmorency, qui agit pour le roi de France, ordonne de faire le vide devant l’ennemi et, pratiquant la politique de la terre brûlée, fait incendier Grasse. Après avoir traversé le Var le 26 juillet, Charles Quint, à la tête de ses troupes, achèvera de piller la ville.

Ensuite, les choses ne furent pas plus brillantes pour lui que la première fois: Charles Quint dut rebrousser chemin, son armée étant décimée par la faim.

Tout cela aboutira (provisoirement) à la Paix de Nice, le 18 juin 1538 signée, en présence du pape Paul III, par François Ier et Charles Quint, le premier ayant établi son camp à Villeneuve-Loubet et le second ayant installé sa flotte à Villefranche.

Un évêque Grimaldi

Était-on définitivement installé dans la paix? Que nenni! Les guerres de religion allaient faire rage. Grasse était installée dans le catholicisme depuis qu’en 1498, le pape Alexandre VI y avait nommé un évêque de… 23 ans en la personne d’Augustin Grimaldi, frère du seigneur Jean II Grimaldi de Monaco (Monaco était une « seigneurie » à l’époque, non encore une « principauté »).

Augustin Grimaldi ne resta à la tête de l’évêché de Grasse que jusqu’en 1523 car, lorsque son frère fut assassiné, il prit sa succession comme seigneur de Monaco. Lui, qui n’était pas préparé à la carrière politique, prit la décision de placer Monaco sous la coupe de… Charles Quint. C’est ainsi que Monaco devint un protectorat espagnol pendant un siècle.

À Grasse, Augustin Grimaldi fut remplacé en tant qu’évêque par René du Bellay, frère du célèbre écrivain.

Assiégée par les « carcistes »

À partir de 1560, les guerres de religion déchirent la Provence. Les catholiques se regroupent autour du comte de Carcès et sont, pour cela, appelés « carcistes ».

Lorsqu’en 1589 Grasse prend position en faveur d’Henri IV, considéré comme protestant, les « carcistes » conduits par Hubert de Vins assaillent la ville.

Ils disposent de neuf cents chevaux, deux cents fantassins, six canons. Le lundi 20 novembre, lors d’un assaut, Hubert de Vins est tué d’un coup d’arquebuse devant la porte Roguière. Cela n’empêche pas la victoire des carcistes le 23 novembre.

En 1592, le pape Clément VIII humilie Grasse en décidant d’unir son évêché à celui de Vence et placer l’évêché de Grasse sous la coupe de l’évêque de Vence Guillaume le Blanc. Le roi de France Henri IV ne l’entend pas de cette oreille, pas plus que les Grassois qui, adoptant une méthode expéditive, placent en 1596 une bombe sous le trône épiscopal de la cathédrale de Vence. Guillaume le Blanc réchappa de peu à l’attentat.

En 1598, Henri IV nomme un « contre-évêque » à Grasse en la personne d’Etienne Le Maingre de Boucicaut. Comme celui-ci n’a aucune intention de se soumettre à l’autorité de l’évêque de Vence, il croit bon de faire appel à la justice française et à son Conseil d’État. Les procès traînent (lire ci-dessous).

La mort inattendue, à l’âge de quarante ans, de l’évêque de Vence, en 1601, apportera finalement une solution et aboutira à la fin de l’union des deux évêchés de Grasse et de Vence.

Le XVIe siècle venait de s’achever. Grasse allait entrer dans un nouveau siècle qui marquerait son essor dans le domaine de la tannerie puis de la parfumerie. Les guerres de religion étaient terminées.

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Le procès des évêques

Lorsqu’en 1598, le roi de France Henri IV nomma, contre l’avis du Saint-Siège, Étienne Le Maingre de Boucicaut comme évêque de Grasse, celui-ci n’accepta pas d’être sous la coupe de l’évêque de Vence et fit appel à la justice. Elle lui donne raison le 19 mai 1599. Mais l’évêque de Vence, Guillaume le Blanc, mécontent de cette décision, fit un appel devant le Conseil d’État. Il fut débouté le 21 novembre 1601. Le Conseil d’État en profita pour casser l’union entre les deux évêchés de Vence et de Grasse, la considérant comme « nulle et faite au préjudice des droits du roi de France ».

Ayant pris acte de cette décision du Conseil d’État, Guillaume le Blanc s’en revint dans son diocèse. Mais il mourut subitement, sur le chemin du retour, le 29 novembre, à Aix-en-Provence. Il avait 40 ans. Etienne le Maingre de Boucicaut devint officiellement évêque de Grasse.

Au début du XVIIe siècle, les évêques de Grasse ne firent plus parler d’eux, jusqu’à l’arrivée tonitruante en 1636 du célèbre Antoine Godeau, membre de l’Académie française, envoyé par Richelieu pour reprendre en mains cette partie de la Provence qu’il trouvait trop éloignée du pouvoir central français.

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